Depuis dix ans, mes recherches se sont consacrées à l’étude contradictions sous-jacentes aux politiques de construction de la paix dans le monde hispanophone. Dans une perspective ethnographique, j’envisage ces politiques à l’aune de la vie ordinaire des acteurs qui les investissent et des tensions économiques et politiques qui innervent les pays ayant vécu des épisodes de violence politique. Mes travaux déconstruisent le pouvoir transformateur et pacificateur associé aux politiques de mémoire et de réconciliation en étudiant comment elles s’insèrent dans les rapports de pouvoir et dans les relations sociales des communautés qui sortent de la guerre. Mon agenda de recherche repose sur deux axes :
(1) L’étude de l’imbrication entre les récits publics et officiels sur la construction de la paix et les mémoires collectives et individuelles. Je poursuivrai l’agenda de recherche entamé lors de mon séjour postdoctoral à l’Institut Français d’Etudes Andines de Bogota en 2025 portant sur la manière dont les militaires colombiens se souviennent de leur expérience du conflit armé dans leur sphère familiale et dans l’espace public, en tant que responsables de violation des droits humains ou en tant que victimes.
(2) Les tensions entre la mise en œuvre du développement durable et la reconnaissance des victimes de la violence dans les pays des Suds. En Colombie, le post-conflit a constitué une fenêtre d’opportunité pour des projets d’extraction des ressources naturelles et d’accaparement des terres. Ces derniers donnent lieu à des mouvements de contestation qui réactivent des logiques de violence issues du conflit armé et remettent en question les droits des victimes à la réparation intégrale. Dans quelle mesure deviennent-elles des victimes du développement ? Comment comprendre les nouvelles vulnérabilités et opportunités simultanément en jeu ?

